Les obstacles en milieux aquatiques et leur franchissabilité par les espèces
Date de mise à jour : 16/05/2017
Ces méthodes et outils permettent de cataloguer au niveau national des données relatives à la connaissance des obstacles à l’écoulement des eaux. L’intégralité des données collectées, de manière standardisée, est consultable en ligne. Conçus et largement complétés en cours d’eau, ces dispositifs gagneraient à inclure des données relatives aux zones humides littorales.
La Directive Cadre européenne sur l’Eau (DCE, 2000) identifie l’hydromorphologie comme support de l’état écologique, au travers de compartiments structurants pour les communautés biologiques : hydrologie, morphologie et continuité de la rivière. Cette dernière se définit au sein de la rivière comme la libre circulation des organismes vivants et le bon déroulement du transport naturel des sédiments, elle étaye également le bon fonctionnement des réservoirs biologiques (connexions, notamment latérales, et conditions hydrologiques favorables). C’est un élément important du bon fonctionnement des cours d’eau et des communautés qui y vivent.
Les aménagements tels que les routes, voies ferroviaires ou encore les barrages ont contribué à compromettre la diversité et la qualité des habitats ainsi que leur accessibilité pour les poissons, en fragmentant le cours d’eau et en rompant sa dynamique. En effet, la présence d’obstacles en travers des cours d’eau empêche parfois les poissons de monter et de descendre vers les habitats qu’ils affectionnent : ils sont alors susceptibles de former une barrière au sein de la rivière. Outre les problématiques de continuité, ils favorisent également les processus d’eutrophisation, d’échauffement et d’évaporation d’eau. Leurs effets cumulés, notoires, sont reconnus par la communauté scientifique comme l’une des causes majeures dans l’érosion de la biodiversité.
Le Référentiel des Obstacles à l’Ecoulement (ROE)
Mis en place en 2010, le ROE permet de disposer d’un catalogue national des obstacles à l’écoulement au sein du Système d’Information sur l’Eau, qui centralise et standardise les données.
Sur les cours d’eau français, le recensement actuel fait état de plus de 85000 obstacles ; et tous ne sont pas encore connus.
Construit, via un module dédié, dans l’interface GéObs (Géoréférenceur des Observations), différentes observations y sont collectées pour chaque obstacle inventorié, autour d’un code national unique. Ces observations portent sur des concepts communs (positionnement géographique, typologie, présence ou non de dispositifs pour le franchissement des poissons, usages), partagés par l’ensemble des acteurs de l’eau et de l’aménagement du territoire, et définis par le Sandre (Service d’Administration Nationale des Données et Référentiels sur l’Eau). L’interface de Géobs assure la gestion et la traçabilité des informations en provenance des différents partenaires.
Pourquoi et comment y contribuer ?
L’enrichissement du ROE est partenarial, tout opérateur formé peut participer au recensement. Des sessions de formation ont lieu régulièrement et permettent de contribuer à ce référentiel. (voir les formations)
En zones humides littorales, le ROE est encore très peu renseigné et gagnerait à recueillir les informations existantes sur les ouvrages type martelières.
(extrait de la présentation de Vincent Marty, 24/03/16)
Evaluer l’impact des obstacles : la méthode « Informations sur la Continuité Ecologique » (ICE)
Pour évaluer l’impact, sur les poissons, des différents types d’obstacles, l’AFB (ex Onema), a coordonné et permis l’élaboration d’une méthode objective de recueil d’informations et d’évaluation des ouvrages sur cours d’eau : ICE (Informations sur la Continuité Ecologique).
Cette méthode s’accompagne de protocoles d’acquisition de données et d’évaluation lui permettant de donner une note entre 0 et 1 pour la montée des poissons (montaison) — 0 correspondant au statut de barrière totalement infranchissable —. L’objectif final est de confronter le type, la géométrie de l’obstacle et l’écoulement de l’eau sur ce dernier aux capacités biologiques de franchissement des poissons, par saut, par nage ou encore par reptation pour des poissons comme les anguilles.
Pour la descente des poissons (dévalaison), la complexité des mécanismes biologiques et la nécessité de disposer d’une bonne connaissance de la rivière ne permettent pas de procéder à une notation comme pour la montaison, la méthode permet toutefois de recueillir des données suffisantes et homogènes pour réaliser une expertise objective.
Les dispositifs de réduction d’impact, même très étudiés, ne sont pas toujours efficaces et/ou bien réalisés. La méthode ICE permet alors de poser un diagnostic général de leur bon fonctionnement (ou non) et donc d’engager, si nécessaire, une étude plus approfondie.
- En savoir plus
Evaluer le franchissement des obstacles par des poissons, principes et méthodes (Onema, 2014). L’objectif de ce document est de présenter les enjeux de la continuité piscicole et les principes scientifiques qui ont prévalu à la construction de la méthode ICE
Informations sur la continuité écologique Protocole de terrain pour l’acquisition des données (Onema, 2015). Cet ouvrage expose, de façon simple et pratique, la mise en œuvre du protocole de terrain ICE
- Contact
Karl Kreutzenberger
AFB
Chargé de mission pressions et fonctionnement hydromorphologiques cours d’eau et plans d’eau
karl.kreutzenberger@afbiodiversite.fr
01 45 14 88 90