Dans le cadre du projet Life Marha (Marine habitats), piloté par l’Office Français de la Biodiversité (OFB), le Pôle-relais lagunes méditerranéennes accompagne les animateurs et gestionnaires de sites N2000 dans l’évaluation de l’état de conservation de l’habitat 1150 « Lagunes méditerranéennes » avec la méthode parue en 2019 et le classeur de fiches techniques paru fin 2020 en appui à la mise en œuvre opérationnelle.
Cette formation s’inscrit dans cet accompagnement sur deux des 12 indicateurs de la méthode : l’indicateur « Surface des herbiers » et l’indicateur « Macrophytes » qui s’intéresse à l’abondance et la composition des herbiers de plantes hydrophytes.
Les objectifs étaient : (i) de s’initier à l’identification des principales espèces d’hydrophytes constitutives des herbiers des milieux lagunaires, (ii) d’analyser la composition de leurs peuplements, (iii) et de discuter/échanger sur les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de l’indicateur.
Les 6 gestionnaires de lagunes et animateurs N2000 de quatre structures différentes ont participé à ces deux journées qui ont eu lieu le 4 et 5 avril dernier à la Tour du Valat avec l’appui de Nicolas Borel (consultant).
Cette quatrième session de formation répond aux besoins des gestionnaires de mieux identifier les hydrophytes des milieux saumâtres à dessalés et mettre ainsi en place le suivi de cet indicateur sur leurs lagunes. En effet, le maintien ou le développement des herbiers d’hydrophytes dans les lagunes constitue un enjeu majeur pour la conservation de ces milieux, en raison du rôle clé qu’ils jouent dans le fonctionnement du milieu : production d’oxygène, participation au métabolisme des nutriments azotés et phosphorés, amélioration de la transparence de l’eau, stabilisation des facteurs physico-chimiques, comme le pH.
Des assecs hivernaux et des fortes pluies printanières…
Après une courte présentation en salle, le groupe est parti sur le terrain à la recherche de plantes à identifier.
La première pièce d’eau visitée était une lagune temporaire. Malgré les fortes pluies du printemps, aucune espèce de macrophyte n’a été retrouvée. Deux explications possibles : les assecs hivernaux répétés qui affectent la banque de graines dans le sédiment et/ou les plantes n’ont pas eu le temps de pousser après les pluies de fin février début mars. Cette question a été discutée avec le formateur.
Grâce à l’accompagnement de Marc Thibaut (Chef de projet Gestion et restauration de zones humides à la Tour du Valat) nous avons poursuivi le terrain sur les étangs et marais des salins de Camargue (EMSC) au sud-est du delta du Rhône au milieu des ambiances marines, lagunaires et des grandes étendues dunaires et sableuses où un projet de restauration compte restituer les échanges spontanés entre la mer et les étangs.
Cette fois-ci, nous avons pu observer dans les baisses temporaires de beaux herbiers de Althenia filiformis et Lamprothamnium papulosum : deux espèces qui forment une communauté stable et typique des lagunes temporaires méditerranéennes et qui bénéficient d’un statut de protection.
Pas à pas dans les lagunes permanentes salées proches de la mer, quelques espèces ont été cueillies à même l’étang pour être identifiées suivant des critères morphologiques visibles à l’œil nu pendant que l’intervenant présentait oralement des éléments de connaissance pour permettre aux gestionnaires de mieux connaître leur répartition spatiale et leurs exigences écologiques.
Plus d’une dizaine d’espèces différentes ont pu être observées à l’occasion de cette journée de formation : Ruppia cirrhosa, Zostera noltei, Chaetomorpha aerea, Cladophora vagabunda, Gracilaria gracilis, Polysiphonia elongata, Ceramium tenerrimum…) avec la découverte de quelques nouvelles espèces sur le site. Malheureusement, nous n’avons pas trouvé de characées sur les lagunes visitées car toutes trop salées.
C’est quoi cette macrophyte ?
Pour identifier une plante, il faut de la méthode, quelques outils et beaucoup de patience !
Ainsi, la deuxième journée a été consacrée à l’identification de quelques échantillons de macrophytes amenées par les gestionnaires et l’intervenant…hélas pas de characées mais beaucoup d’espèces d’algues différentes.
À l’aide de plusieurs guides d’identification des macrophytes, des conseils du formateur et une observation minutieuse à la loupe binoculaire, le groupe a réussi à identifier les différents échantillons.
Les algues ont nécessité l’utilisation du microscope mais leur détermination ou identification est un exercice difficile en absence d’un spécialiste. En effet, les algologues se font très rares de nos jours.
Conclusions
Les participants ont beaucoup apprécié ces deux jours de formation. Le choix des sites visités, la diversité des lagunes visitées, la mise en pratique simultanée des acquis, la pédagogie et les nombreuses connaissances de l’intervenant, sont autant de retours positifs recueillis par le Pôle lagunes à l’issue d’une évaluation des participants.
Reste encore à apporter quelques points d’amélioration sur le contenu d’une telle formation. L’intervention d’un algologue serait davantage utile pour l’identification des algues, ou encore la récolte de characées en amont de la rencontre contribuerait à diversifier les macrophytes à reconnaitre en salle.
Le Pôle-relais lagunes méditerranéennes remercie encore Nicolas Borel pour la qualité de son intervention et Marc Thibaut pour son accompagnement sur le site des EMSC et ses explications. Il remercie également les gestionnaires pour leur participation active à ces journées et d’avoir transmis des éléments de réflexions pour d’autres formations à venir.
- Contact
Katia Lombardini [email protected],
Chargée de mission PACA du Pôle-relais lagunes méditerranéennes, Tour du Valat