Le partenariat entre les pêcheurs de la lagune de Canet et les scientifiques de l’Observatoire Océanologique de Banyuls (OOB) a débuté en décembre 2022 pour une période prévue de 2 ans (Financement DREAL Occitanie et État). Après près de 18 mois de suivi, notre connaissance sur les différents objectifs visés au début du programme commence à dessiner une image plus nette de la biologie du crabe bleu dans la lagune de Canet-Saint-Nazaire.
Cycle de vie du crabe bleu
Si aucun juvénile n’était détecté dans l’étang en 2022, en 2023 et en 2024, le mois de Juin apparait comme le période d’observation de juvéniles capturés dans les filets des pêcheurs. La capture d’animaux à partir d’une taille minimale de 40 mm suggère que les stades plus jeunes pourraient occuper un autre habitat. Le mois de Juin est aussi la période d’observation de larves zoé dans les prélèvements de plancton échantillonnés avec un filet Manta dans la lagune. Ceci pourrait indiquer que les très jeunes recrues restent peu visibles pendant près d’un an avant d’atteindre la taille à laquelle les crabes sont capturés dans les filets des pêcheurs.
Après deux ans sans observation d’une femelle grainée dans la lagune, une a été capturée début Juin. Les conditions de vie parfois contraignantes dans la lagune depuis 2 ans (forte salinité) pourraient induire un coût métabolique important pour les crabes qui ne peuvent plus alors investir dans la reproduction.
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Parasites des crabes bleus et crabes verts
Un inventaire des parasites en été 2023 a permis de montrer que les crabes bleus et les crabes verts sont porteurs de parasites mais que la diversité des parasites de crabes verts est plus élevée. La présence d’un parasite du sang, Hematodinium, est particulièrement intéressante car une espèce de ce parasite est responsable de 87% de la mortalité du crabe bleu dans son aire de distribution normale sur la côte Est des Etats-Unis.
Les échantillons prélevés permettront d’identifier moléculairement ces parasites afin de déterminer si les deux espèces de crabes partagent des parasites ou bien si le crabe bleu est porteur de parasites qui lui sont spécifiques. Ce travail d’identification se fera au cours de l’été 2024.
Réponse physiologique aux paramètres environnementaux
Nous avons testé l’effet d’une augmentation de température en conditions normoxiques et hypoxiques, ainsi qu’en forte ou basse salinité sur le rythme cardiaque. Cette mesure du rythme nous fournit un proxy de la performance des crabes.
Les expériences ont été réalisées sur des crabes bleus et des crabes verts afin de déterminer si une espèce a un avantage par rapport à l’autre. Dans l’ensemble, le crabe bleu semble avoir une meilleure tolérance aux conditions contraignantes mais les différences ne sont pas très marquées.
Crabe bleu mâle équipé d’un capteur de rythme cardiaque dans un aquarium expérimental.
Changements des communautés benthiques de substrat meuble
Nous suivons la communauté de substrat meuble de la lagune sur un site référence depuis 2020 (financement de Master 2 de l’OFB pour un suivi sur 1 an). Le développement du crabe bleu dans la lagune nous a incités à reprendre ces prélèvements. L’espèce Abra segmentum, un petit bivalve à coquille fine, a vu son abondance par réplica passer de moyennes entre 200 et 250 individus à des valeurs dépassant rarement 50 individus par réplica en 3 ans de suivi (cf graphique ci-dessous).
Cette forte diminution des abondances pourrait indiquer un effet de la présence du crabe bleu mais pourrait aussi résulter des conditions environnementales qui ont beaucoup changé dans la lagune, en particulier la salinité qui a atteint 50 g/l et qui est rarement descendue à des valeurs proches de celles de l’eau de mer (38 g/l). En parallèle, les abondances de la coque Cerastoderma glaucum, à la coquille beaucoup plus robuste, ont beaucoup augmenté.
- Contact
Responsable scientifique du volet suivi écologique du crabe bleu : Stéphane Hourdez
Dir. Adjoint Laboratoire d’Ecogéochimie des Environnements Benthiques (LECOB)
UMR 8222 CNRS-Sorbonne Université
Observatoire Océanologique de Banyuls
[email protected]