Rapport final des 5 années de suivi – novembre 2011
À la demande du Conseil Général des Bouches-du-Rhône, une démoustication expérimentale a débuté en août 2006 pour les villes de Salin de Giraud et de Port Saint-Louis du Rhône. Cette démoustication est menée par l’Entente interdépartementale pour la Démoustication (EID) avec un produit biologique, le Bti (Bacillus thuringiensis israelensis). Elle est dite raisonnée car elle consiste à limiter la nuisance causée par les moustiques dans ces deux villes et non pas à les éradiquer.
En parallèle, et afin d’évaluer les conséquences de cette action, plusieurs études d’impact ont été confiées au Parc naturel régional de Camargue. Le Syndicat Mixte pour la Gestion du Domaine de la Palissade a eu la charge des suivis du dérangement liée à la démoustication sur son site, espace naturel protégé propriété du Conservatoire du Littoral.
Des suivis menés par le Syndicat Mixte pour la Gestion du Domaine de la Palissade (SMGDP)
Le but de ce suivi est donc d’évaluer l’impact du dérangement lié aux opérations de démoustication sur les populations aviaires du Domaine de la Palissade (impacts sur les envols et les redistributions sur les plans d’eau, impact sur la reproduction des populations aviaires).
Un 3ème volet de ce suivi vise à évaluer les impacts sur les opérations de gestion du site et l’accueil du public.
Les dénombrements d’espèces ont été réalisés par le SMGDP juste avant et juste après les opérations aériennes, et pour les opérations terrestres, l’évaluation du dérangement a été faite lors des déplacements de l’équipe de l’EID sur le terrain lors de leurs phases de prospection ou de traitement.
D’autre part, un comptage des oiseaux en dehors des périodes de prospection et de traitement, a été réalisé une fois par mois et combiné aux mesures du suivi physico-chimique du domaine.
Les conclusions de ces suivis
Même si tous les résultats n’ont pas été encore tous expliqués, un impact de la démoustication sur le site est mis en évidence par ce rapport. Les prospections et les traitements provoquent des dérangements et leurs effets sur la reproduction montrent une diminution de certaines espèces (cf. ci-dessous).
Depuis 2006, les résultats sur le dérangement de l’avifaune ne changent pas significativement, ceci montre qu’il n’y a pas d’effet d’habituation des oiseaux face à ce type de dérangement.
Les effets sur la gestion et l’accueil des visiteurs sont les moins faciles à quantifier. Toutefois, la gestion hydraulique a été prise en compte dans le Plan de Gestion pour les besoins de la démoustication : moins de mouvements des eaux pour moins de production de moustiques. Par exemple, le Clos d’Armand est asséché à partir du printemps jusqu’à l’automne.
L’activité du site (suivis, accueil du public, activité équestre, …) est également impactée. Par exemple, dans le cadre de l’activité équestre, le passage d’avions bruyants à basse altitude est dangereux : il cause la panique systématique des chevaux (accident pour la manadier, chevaux blessés suite aux mouvements de panique, etc…). Enfin, les traitements aériens entraînent la fermeture au public pendant les heures d’ouverture, provoquant un certain mécontentement du public visiteur, également renforcé par l’absence d’oiseaux et d’espèces emblématiques qui s’ensuit, tel que le Flamant rose.
Il apparaît là comme un antagonisme entre la gestion d’un espace naturel ouvert à un public visiteur, ce qui relève déjà de certaines concessions pour la faune et la flore, et la pratique de la démoustication à vocation des populations locales qui habitent à proximité. Un équilibre entre toutes les parties prenantes serait à affiner…
Perspectives ?
Un séminaire de restitution de tous les suivis en Camargue a eu lieu en novembre 2011, au sein duquel le Syndicat Mixte pour la Gestion du Domaine de la Palissade a relevé :
- un bilan opérationnel de l’EID positif
- pas d’effet significatif sur les algues et chironomes mais présence de « cas suspects »
- une diminution du succès reproducteur et changement du régime alimentaire chez les hirondelles de fenêtre en zones démoustiquées
- des changements d’espèces d’invertébrés dans les roselières des sites démoustiqués
- une diminution de l’abondance et de la diversité des odonates dans les zones démoustiquées
- une diminution de l’activité de chasse des chiroptères en zones démoustiquées
- sur le domaine de la Palissade: une diminution des effectifs mensuels d’oiseaux d’eau, forts impacts des traitements aériens et prospections de l’EID, diminution de la reproduction des anatidés, impact sur la héronnière, impact sur la gestion.
Suite à ce bilan, la démoustication a été reconduite en 2012 sur le secteur mais toujours à titre expérimental et avec des suivis scientifiques. Le Conseil Scientifique et Technique du Domaine de la Palissade avait proposé une suspension de la démoustication expérimentale sur le site avec la poursuite de tous les suivis (internes et externes) pour évaluer dans le cadre de cette expérimentation d’éventuels changements de tendances, notamment pour la reproduction des anatidés. Cette proposition n’a pas été retenue.
Propos recueillis auprès du Syndicat Mixte pour la Gestion du Domaine de la Palissade.
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Claire Tetrel
Chargée des Suivis Scientifiques et de Gestion
Syndicat Mixte pour la Gestion du Domaine de la Palissade
13129 Salin de Giraud
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