Les écosystèmes lagunaires sont des milieux fragiles au fonctionnement complexe et leur position à l’interface terre – mer en fait des milieux particulièrement exposés aux pollutions (notamment nutriments) et à l’artificialisation. Leur vulnérabilité est accentuée par leur faible connexion avec la mer via des canaux artificiels ou des graus naturels. Sous certaines conditions, les sédiments stockent puis relarguent des nutriments qui réalimentent le système et entretiennent une production biologique excessive, conduisant à diverses nuisances telles que des proliférations d’algues, voire des crises anoxiques et des mortalités de coquillages ou de poissons.
Ainsi la majorité des masses d’eau lagunaires des bassins Rhône-Méditerranée et Corse ne sont pas en bon état, avec un enjeu particulier sur l’eutrophisation clairement identifié dans les Schémas Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) de ces bassins.
Les apports polluants issus des bassins versants de ces lagunes dégradées sont supérieurs aux quantités qu’elles sont capables « d’absorber » sans remettre en cause leur équilibre : c’est la notion de flux admissibles.
Le flux admissible par une lagune est la charge polluante maximale en nutriments provenant de son bassin versant ne remettant pas en cause le respect de ses objectifs de qualité. Il correspond au cumul maximal, en azote et phosphore, de rejets ponctuels et diffus permettant l’atteinte ou le maintien du bon état.
La caractérisation des flux admissibles[1] doit être engagée dans le cadre d’une démarche concertée, décidée par les acteurs locaux pour définir des objectifs adaptés de réduction/suppression des apports et mettre en œuvre les actions qui permettront de les atteindre.
La mise en oeuvre de cette démarche nécessite de :
- connaître et caractériser la dynamique des flux de nutriments dans la lagune, les paramètres qui influent sur cette dynamique et l’influence des interfaces (bassins versants, mer, …)
- identifier les leviers d’actions qui permettront de tendre vers des flux compatibles avec un bon état écologique.
Ces éléments permettront d’orienter la prise de décision vers des priorités d’actions et leur planification.
Pour accompagner les acteurs du territoire dans la mise en oeuvre de la démarche des flux admissibles sur les écosystèmes lagunaires, un outil de modélisation, « GAMELag » (« Gestion et Aménagement des Milieux Eutrophisés Lagunaires »), a été développé par l’Ifremer et l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse.
Comme annoncé lors de la journée technique du 8 septembre 2020[2], une mission d’appui constituée de la Tour du Valat, d’Ifremer et de l’agence de l’eau a été créée début 2021. Elle vise à accompagner les structures de gestion des lagunes de Rhône-Méditerranée-Corse dans la mise en oeuvre de la démarche des flux admissibles, en assurant en particulier une expertise de conseil sur les mesures (moyens techniques, stratégies d’échantillonnage, méthodes de calcul) à réaliser pour quantifier les flux de nutriments, et en mettant en oeuvre une modélisation des lagunes avec le modèle GAMELag. Il s’agit ainsi progressivement de mutualiser les compétences et de capitaliser les retours d’expériences.
Un Comité de pilotage de la mission l’accompagnera et se réunira régulièrement pour organiser le travail et répondre au mieux aux différentes sollicitations des structures qui souhaiteraient s’engager dans cette démarche.
- Contact
Les structures de gestion qui souhaitent davantage d’informations sont invitées à se rapprocher de l’agence de l’eau qui assure le point d’entrée de la mission d’appui.
Anaïs Giraud
[1] https://rhone-mediterranee.eaufrance.fr/gestion-de-leau/sdage-2016-2021-en-vigueur/documents-dappui-pour-la-mise-en-oeuvre-du-sdage-2016
[2] https://www.eaurmc.fr/jcms/pro_100788/fr/journee-technique-lagunes-2020