Combiner la richesse de l’observation satellitaire à la finesse de la connaissance terrain pour mesurer les surfaces d’herbiers des lagunes permanentes méditerranéennes
Dans le cadre du projet Life Marha (Marine habitats), piloté par l’Office Français de la Biodiversité (OFB), le Pôle-relais lagunes méditerranéennes accompagne les animateurs et gestionnaires de sites N2000 dans l’évaluation de l’état de conservation de l’habitat 1150 Lagunes côtières avec la méthode parue en 2019 et le classeur de fiches techniques paru fin 2020 en appui à la mise en œuvre opérationnelle.
Cette étude mutualisée s’inscrit dans cet accompagnement, en particulier sur l’un des 12 indicateurs de la méthode : l’indicateur « Surface des herbiers », qui traduit le fonctionnement général et la stabilité des conditions de maintien de l’écosystème.
L’étude, financée par l’OFB, est menée par la société i-Sea entre juin 2021 et septembre 2023 et aboutira à la cartographie des herbiers sur huit sites Natura 2000 en Occitanie et PACA autour des étangs de Canet, de Salses-Leucate, de Vendres, du Grand Bagnas, de l’étang de Thau, des étangs palavasiens, de la Camargue et des étangs de Villepey. L’étude sera ainsi pilotée par l’équipe Life Marha de l’OFB et le Pôle-relais lagunes méditerranéennes en concertation avec les animateurs des sites concernés. Elle s’appuiera sur le retour d’expérience d’i-Sea qui a déjà mis en œuvre une méthode semi-automatisée de télédétection visant à évaluer la surface en herbier dans la lagune de Bages-Sigean.
Il n’existe pas encore de méthode automatisée permettant d’évaluer la surface d’herbier au sein d’une lagune. La mise en œuvre d’une approche prédictive par machine learning, basée sur un apprentissage statistique à partir de séries d’images satellites permettra ainsi de prédire l’emprise globale de l’herbier, individuellement, sur chacun des plans d’eau ciblés (plus d’une soixantaine au total, environ 20 000 hectares), et d’optimiser largement les coûts de production par cette approche prédictive à grande échelle mutualisée sur 8 sites N2000.
Le dispositif consiste ainsi à ajuster et déployer à grande échelle une méthode d’analyse des images satellitaires multispectrales SPOT et Pléiades, pour caractériser l’extension spatiale des herbiers de magnoliophytes, en tenant compte de leur densité (ou taux de recouvrement), que ces herbiers soient rencontrés seuls ou en mélange avec d’autres espèces (algues, cascail, etc). Les relevés terrain (données d’entrée) seront menés par les structures gestionnaires avec l’appui d’experts. Une prédiction au pixel est attendue, ainsi qu’une analyse chiffrée de la performance de la prédiction suivant: le type d’herbier, sa densité et sa présence comme espèce dominante ou minoritaire au sein d’un mélange.
In fine, l’objectif poursuivi est de disposer d’un appui à la cartographie des herbiers, standardisé et réplicable dans l’espace et dans le temps à moindre coût.
Cette étude est le fruit d’une réflexion initiée en 2020 avec les structures animatrices N2000 ayant manifesté leur intérêt à réaliser une étude mutualisée pour cartographier les herbiers de macrophytes des lagunes permanentes ; à cet effet, le Pôle-relais lagunes méditerranéennes avait organisé une réunion le 18 janvier 2021 ayant mobilisé une trentaine de participants gestionnaires et animateurs N2000, scientifiques (Ifremer, CNRS, CBN Méditerranée, Université de Corse, Tour du Valat), agents des DREAL concernées.
Le Pôle-relais lagunes méditerranéennes remercie l’OFB pour cette commande rendue possible via l’UGAP grâce au marché « Intelligence de la donnée » et la société Inop’s qui en est titulaire, en partenariat avec i-Sea.
- Contacts
Katia Lombardini (e-mail), chargée de mission SUD-Paca – Pôle-relais lagunes méditerranéennes, Tour du Valat
Nathalie Barré (e-mail), chargée de mission Occitanie – Pôle-relais lagunes méditerranéennes, CEN Occitanie