Ce projet démarré le 10 novembre 2023 est porté par la Fondation Biotope pour la biodiversité et soutenu dans le cadre du Fonds Vert. Il s’agit du monitoring de Callinectes sapidus par télémétrie acoustique dans 3 lagunes d’Occitanie : les étangs de Canet, Salses-Leucate et du Méjean, dans leurs graus et sur le littoral dans l’objectif d’une gestion optimisée de cette espèce.
Cette étude vise à collecter des données sur les déplacements des crabes afin de détecter les déplacements intra-lagunaires, d’éventuels déplacements inter-lagunaires et entre les lagunes et la mer. Ces données de déplacements seront croisées avec les données individuelles (sexage et biométrie des crabes équipés) et les données de suivi physico-chimique des lagunes concernées. Ceci afin d’étudier la répartition des crabes dans le milieu en fonction des conditions abiotiques et de leur cycle biologique, notamment la reproduction et la ponte et d’identifier de potentielles zones de concentration des individus.
Une étude semblable initiée depuis 2023 sur l’étang de Biguglia par l’Université de Corse et l’OEC a ainsi permis de partager des éléments techniques et méthodologiques pour une mise en cohérence entre les projets portés sur le Crabe bleu et les résultats qui seront obtenus à l’échelle de la façade.
Crabes marqués avant d’être relâchés – étang de Canet – crédit : BIOTOPE
L’étang de Canet sert de lagune de référence pour plusieurs projets portant sur le Crabe bleu et est la première à bénéficier du suivi télémétrique cette année. 10 hydrophones ont été installés fin mai dont un hydrophone en mer en sortie du grau.
Les lagunes de Sales-Leucate (66) et du Méjean dans l’Hérault ont été sélectionnées après concertation avec les structures de gestion à impliquer, le CRPMEM Occitanie et la DREAL Occitanie. Elles ont été elles aussi équipées avec une dizaine d’hydrophones début juin. Le choix de la localisation des hydrophones a pris en compte plusieurs paramètres dont les zones connues de captures des crabes, les habitats benthiques et la profondeur. Ce réseau d’hydrophones s’appuie également sur celui de l’IFREMER qui dispose d’un réseau de suivi par télémétrie en mer en dans les graus.
Ces trois lagunes sont assez différentes du point de vue des paramètres physico-chimiques et montrent quelques différences en termes d’habitats. La lagune de Salses-Leucate abrite de nombreux herbiers de phanérogames marines s’étendant sur de larges surfaces avec des profondeurs d’eau les plus importantes, tandis que celle de Canet est surtout caractérisée par des assemblages de macrophytes (algues) ou de la vase nue, une salinité élevée ces dernières années et un faible niveau d’eau. Enfin, le Méjean se situe entre les deux avec à la fois des herbiers et de larges étendues de macrophytes.
Les trois lagunes sont alimentées en eau douce par des rivières ou des résurgences. Ces apports d’eau douce semblent jouer un rôle essentiel dans le cycle de vie du crabe ou du moins dans sa répartition au sein des lagunes.
La pose des hydrophones et la capture des crabes se sont faites grâce à l’aide d’un à deux pêcheurs par lagune, dont la connaissance du site est essentielle pour le bon déroulé du projet. Le projet s’est également mis en place avec l’aide des acteurs du territoire (gestionnaires des lagunes, Parc Marin du Golfe du Lion, prud’homies, CRPMEMO).
Un hydrophone en sortie de grau et le plus gros crabe marqué dans l’étang du Méjean (520g).
A ce jour, 26 crabes bleus adultes (15 mâles et 11 femelles au total) ont été et équipés d’un émetteur acoustique (tag). Ces tags émettent un signal sonore de fréquence spécifique. Chaque crabe est identifié individuellement par une combinaison propre d’émission.
Les hydrophones installés permettent de détecter ces tags dans un rayon compris entre 80 et 150 m en milieu lagunaire. En revanche, cette portée augmente en milieu côtier pouvant aller jusqu’à 1200 m.
Les hydrophones disposés ont une autonomie de 13 mois et pouvant stocker jusqu’à 5 millions de détection. Quant aux émetteurs accrochés sur la carapace des crabes, ils disposeront d’une autonomie de 270 jours environ pour une fréquence d’émission d’un signal sonore toutes les 90 secondes.
Le marquage des crabes vise les gros individus (taille minimum nécessaire pour que le tag soit supporté et éviter également la mue chez les petits individus). Le but est notamment d’identifier d’éventuels déplacements ou zones de concentration liés à la reproduction de cette espèce sur chacune de ces lagunes, pour ainsi pouvoir cibler à l’avenir les secteurs à privilégier lors des actions de capture spécifique au crabe bleu
Crabe venant d’être relâché – étang de Salses-Leucate
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Noémie Jublier
Biotope