Tout savoir sur l’état écologique en 2017
L’état de l’écosystème de l’étang de Berre en 2017 suggère une tendance à l’amélioration, bien que l’étang reste dans un état eutrophe et instable.
L’Observatoire du milieu porté par le GIPREB a vocation à coordonner la production de données relatives à l’étang de Berre. Ce dernier rapport décrit les résultats du suivi du milieu 2017 tout en les replaçant dans une trajectoire historique. |
Principales conclusions sur l’année de suivi 2017
L’année 2017 s’est caractérisée par des conditions météorologiques marquées par une faible pluviométrie. Ainsi, les apports des tributaires naturels de l’étang (Arc, Touloubre et Cadière) sont les plus faibles depuis 2007, ce qui contribue aux bons résultats de la qualité sanitaire des eaux de l’étang.
Les différents paramètres physico-chimiques de la colonne d’eau confirment une tendance à la diminution de l’eutrophisation en ce qui concerne le phytoplancton (chlorophylle-a) et les nutriments. Si on se réfère à la Directive Cadre européenne sur l’Eau (DCE), les valeurs de ces paramètres correspondent à des masses d’eau en bon ou très bon état écologique. La concentration en matière en suspension est stabilisée depuis environ 2012, et 2017 est l’année où la clarté de l’eau est la plus importante.
Concernant l’oxygène, même si les épisodes d’hypoxie voire d’anoxie sont plus courts et moins fréquents qu’auparavant, ils limitent toujours l’installation de peuplements pérennes et diversifiés de macrofaune benthique dans les zones les plus profondes de l’étang (supérieures à 7 m) sur près de la moitié de la surface totale.
En bordure côtière, les peuplements sont moins contraints par l’oxygène et plus diversifiés notamment dans les zones les plus influencées par les eaux marines. Sur la bordure la plus littorale (<3 m) de fond, le développement des palourdes (Ruditapes philippinarum) se poursuit. Les moulières sont également en progression.
Sur le compartiment macrophyte, on observe une progression marquée des magnoliophytes, en particulier la zostère naine. La cartographie réalisée en 2017 montre une surface couverte par les herbiers de zostère de 18 hectares, en forte augmentation depuis 2014 (4,4 Ha). Cependant, cette surface ramenée aux objectifs de bon état écologique tel que défini par la DCE reste très faible (1 % de l’objectif). En parallèle, la structure du peuplement de macrophytes s’améliore : le compartiment végétal est en augmentation dans l’étang à la fois en abondance et en diversité taxonomique. En complément, les espèces présentes sont le signe clair d’une salinité plus élevée de l’étang.
Face à des apports par les rejets EDF qui sont stabilisés (en apports totaux et variation annuelle) depuis plusieurs années, il semble apparaître à présent que la variabilité interannuelle de l’écosystème de l’étang de Berre est directement modulée par la variabilité climatique.
Dans un contexte de plusieurs années favorables (pluviométrie faible entrainant peu d’apports des rivières, apports de limons faibles …), l’état de l’écosystème de l’étang de Berre en 2017 suggère une tendance à l’amélioration, mais il reste encore dans un état eutrophe et instable : Dans quelle direction l’écosystème évoluera-t-il dans l’état actuel des apports (forte pluviométrie en 2018, apports d’eau et de limons au maximum de la centrale EDF)? Cette question reste encore ouverte, et vous en apprendrez plus en lisant notre prochain numéro, parution prévue en 2019 !
Études à venir
En 2018, l’Observatoire du milieu se poursuit et va se compléter sur certains compartiments. En effet, afin de compléter les critères DCE, il apparait particulièrement important de s’intéresser aux fonctions et services écosystémiques d’un écosystème.
- Au niveau ichtyologique, l’étude sur les pêcheries va se terminer fin 2018 et une étude sur les juvéniles de poissons (JUVABERRE) va débuter. Cette étude vise à étudier la fonctionnalité écosystémique de nurseries de l’étang de Berre et de l’étang de Bolmon, et de proposer si besoin une stratégie opérationnelle de renforcement ou protection de cette fonctionnalité (via de la restauration écologique par exemple).
- Une thèse de doctorat va également débuter en 2018 avec pour objectif de réaliser un modèle de gestion de la palourde japonaise dans un but de gestion durable de la ressource. Cette thèse étudiera notamment la biologie de la palourde dans l’étang (reproduction, croissance, mortalité) ainsi que les liens entre pression de pêche et disponibilité de la ressource.
- Enfin, vu le rôle prépondérant des apports en nutriments sur les évolutions de écosystème de l’étang de Berre, une mise à jour du bilan des apports (datant de 2005-2006) sera lancée. Ce bilan devra notamment prendre en compte les apports des tributaires naturels (Arc, Touloubre, Cadière et Durançole) y compris en période de crues, les apports de la centrale hydro-électrique et devra aussi distinguer les différentes formes de ces éléments eutrophisants (formes particulaire, dissoute etc.) pour préciser leur rôle dans l’eutrophisation de l’étang. A la demande de l’Agence de l’eau, ce bilan devrait également être accompagné d’une étude sur la notion de « flux admissibles » (flux de nutriments permettant de maintenir un bon état écologique) à l’aide d’un outil de modélisation.
Source : Site Internet du GIPREB
- Contact
Vincent FAURE
Chargé de développement scientifique
GIPREB – Syndicat Mixte
Tél. 04.42.74.15.51
Site: https://etangdeberre.org/