Le Parc naturel régional de Camargue a déposé, en début d’année 2018, ce contrat visant à restaurer 12 îlots ou radeaux pour favoriser la nidification des oiseaux laro-limicoles. Avec l’implication des acteurs économiques, le sable coquillé utilisé valorise des déchets conchylicoles.
Un réseau de sites de reproduction des laro-limicoles a été aménagé sur toute la façade méditerranéenne française grâce aux initiatives des gestionnaires d’espaces naturels, notamment dans le cadre de programmes européens (Life+ ENVOLL, LIFE MC-SALT).
Afin de pérenniser les aménagements réalisés dans le cadre du projet Life+ ENVOLL, ce Contrat Natura 2000 vise à restaurer 12 îlots ou radeaux, en rechargeant la surface de sable coquillé. Ce sable constitue un substrat meuble et drainant d’environ 5 à 10 cm d’épaisseur, indispensable pour maintenir les îlots favorables à la nidification des oiseaux. Ceux-ci y creusent des cuvettes afin d’y pondre leurs œufs.
L’originalité du contrat réside dans l’approvisionnement en sable coquillé qui provient de la valorisation de déchets conchylicoles (coquilles).
En effet, la ressource en sable coquillé est faible dans le milieu naturel et ne permet pas de couvrir les besoins en rechargement des îlots. De plus, il ne semble pas souhaitable d’épuiser la ressource naturelle localement.
Des entreprises désireuses de valoriser leurs déchets conchylicoles ont investi cette filière en proposant à la vente des coquilles concassées pour différentes utilisations.
Ce contrat permet l’acquisition, via l’entreprise COVED de Mèze (34), de 246 m3 de broyat de coquilles d’huîtres entre 2018 et 2020 sur 5 sites appartenant pour l’essentiel au Conservatoire du littoral :
- Étangs et marais des salins de Camargue, gérés par le Parc naturel régional de Camargue, la Tour du Valat et la SNPN
- Domaine de la Palissade, géré par le Parc naturel régional de Camargue et la commune de Port Saint Louis du Rhône
- Réserve naturelle nationale des marais du Vigueirat, gérée par l’association des amis des marais du Vigueirat
- Étang de l’Estomac-anciens salins de Fos, gérés par l’association EVE
- Et les salins d’Aigues-Mortes exploités par la compagnie des Salins du Midi
À l’image du programme Life+ ENVOLL, le succès de cette opération réside également dans le fait qu’elle concerne des îlots/radeaux répartis à l’échelle du périmètre de la réserve de biosphère de Camargue, même au-delà, et concerne 4 sites Natura 2000 :
- Camargue
- Marais entre Crau et Grand Rhône
- Étangs entre Istres et Fos
- Petite Camargue laguno-marine
Ce contrat dispose également d’un volet éducatif et pédagogique grâce au partenariat avec les lycéens du BTS « Gestion et Protection de la Nature » de Montpellier et la filière « Gestion des Milieux Naturels et de la Faune » du lycée professionnel des Alpilles de St Rémy de Provence. Accompagnés de leurs enseignants, ils participent chaque année à des chantiers de restauration sur les terrains du Conservatoire du littoral gérés par le Parc. Peu avant le printemps 2018, les élèves ont ainsi participé activement à la concrétisation de ce contrat Natura 2000 sur le terrain en prêtant main forte pour acheminer le sable coquillé sur les différents îlots (et plateforme) des « Étangs et marais des salins de Camargue ».
Cette action est soutenue par l’Europe à hauteur d’environ 17 000 € (FEADER 53%, Etat 47%).
L’objectif du projet Life+ ENVOLL est d’améliorer la reproduction des laro-limicoles coloniaux en s’appuyant sur un réseau de sites fonctionnels sur l’ensemble du pourtour méditerranéen français, qui couvre les régions SUD Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie et Corse, afin d’améliorer la conservation de ces espèces protégés sur le long terme. En effet, la majorité des îlots avaient disparu, détruits par les grands aménagements, l’érosion, la modification du milieu, ou leur colonisation par les grands goélands, tandis que la fixation du trait de côte a interrompu les processus naturels de création d’îlots. Ces oiseaux patrimoniaux ont vu, pour la plupart, leur nombre décroître au fil du temps, du fait de mauvais succès de reproduction qui n’assurait plus le renouvellement des populations.
Cette dynamique de territoire sur l’ensemble du littoral méditerranéen français a été mise en place, fédérant 9 structures autour d’un projet commun de 2013 à 2018.
Cette initiative fait suite à une première expérimentation de réutilisation de coquilles d’huitres en 2016 sur le territoire de la Narbonnaise (îlots des anciens salins de Sigean) saluée par le Prix Pôle-relais lagunes méditerranéennes 2017.
Contact
Lætitia Poulet
Chargée d’étude Faune, Flore Habitats
Parc naturel régional de Camargue