Concilier biodiversité méditerranéenne, chasse et pastoralisme sur deux sites gérés par le GPMM
Les espaces naturels situés dans la Zone Industrialo-portuaire du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) affichent une biodiversité exceptionnelle. Afin de la préserver, le GPMM portera jusqu’en 2021 le projet[*] MediCyn, en partenariat avec la Tour du Valat, institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes, et des acteurs locaux.
Ce projet a l’objectif d’améliorer l’état de conservation de la biodiversité méditerranéenne tout en maintenant les usages locaux sur les deux sites Natura 2000 du « Grand Clos » et du « Relai », grâce à une gestion de l’eau d’optimisée dont les effets sur la flore, la faune et les usages seront suivis.
Sur ces deux sites, de nombreuses mares temporaires nécessitent d’être restaurées. En effet, la gestion de l’eau destinée uniquement à satisfaire les usages traditionnels mène à une banalisation de la flore et de la faune ainsi qu’à l’eutrophisation. Considérées comme un habitat à part entière, ces mares sont rares et revêtent un enjeu de conservation très fort, c’est pourquoi le projet « MédiCyn » est soutenu par l’Europe, l’agence de l’eau RMC et la Région Sud PACA. Il vise en particulier à concilier conservation de mares temporaires méditerranéennes et pratique cynégétique (chasse), d’où le nom qui lui a été donné.
Dans leur fonctionnement naturel, les mares temporaires méditerranéennes se forment généralement en hiver et au printemps lors des précipitations et s’assèchent complètement en été. La végétation qui y pousse est très particulière et complètement adaptée à cette alternance de sècheresse et d’humidité. La faune y est, elle aussi, adaptée et spécialisée. Ainsi, certaines libellules qui se servent de plantes aquatiques comme support pour leurs œufs, ont un cycle de reproduction et de croissance synchronisé à la présence temporaire du couvert végétal dans le fond de ces mares.
Du point de vue de l’usage de ces milieux, il n’y a plus de gestion hydraulique « active » au Relai depuis plusieurs décennies et le Grand Clos, situé dans le secteur du Landre, est actuellement mis en eau au mois d’août, voire juillet, pour les besoins de la chasse (qui ouvre le 21 août), de façon à ce que les canards viennent s’y nourrir de plantes aquatiques. Ces mises en eau artificielles en pleine période « naturellement » sèche ont pour effet de ralentir la dégradation de la matière organique et de favoriser des espèces de plantes, d’insectes, etc. non méditerranéennes.
Sur le plan expérimental, le projet MédiCyn se propose d’étudier trois calendriers de mise en eau basée sur différents modes de gestion :
- la gestion habituellement pratiquée par les chasseurs, avec mise en eau estivale ;
- la gestion « méditerranéenne », avec cycle de l’eau calqué sur les précipitations ;
- et une gestion intermédiaire, avec mise en eau automnale (octobre).
Pour mesurer les effets de ces modes de gestion, divers suivis sur le milieu et les espèces présentes sont programmés : plantes et insectes aquatiques, fréquentation nocturne par les canards, tableaux de chasse… L’objectif final est de définir un mode de gestion durable de l’eau qui favorise à la fois la biodiversité méditerranéenne et le gibier afin d’y maintenir la chasse.
Pour mettre en place cette expérimentation, certaines mares devront être créées (sur le secteur du Relai) et le réseau hydraulique sera restauré. Les travaux (tels que le terrassement, curage, élagage, installation de martelière, etc.) débuteront en juillet 2019. Les mares étant reliées entre elles et le remplissage se faisant par capillarité, elles seront équipées de vannes et pourront ainsi être remplies ou non en fonction de la période de l’année et du mode de gestion choisi. Par ailleurs, l’une des deux pompes déjà présentes fonctionnant au carburant sera remplacée par une pompe électrique.
Outre la réalisation technique, le projet comprend une part importante de concertation et de communication. Certains suivis sur les niveaux d’eau, la salinité et les odonates, ont débuté depuis 2017 et se poursuivront au-delà. Les résultats seront communiqués à tous les organismes et institutions concernés sous forme d’articles et de documents techniques publiés dans des revues scientifiques et de gestion.
Le coût important de l’ensemble du projet n’aurait pu être supporté dans la gestion courante des milieux naturels du GPMM sans les aides accordées par l’Europe à travers les Fonds Européens de Développement Régional, par l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse dans le cadre du programme « Biodiversité » et par la région SUD Provence Alpes Côte d’Azur via le « contrat de Delta Camargue ».
- Contacts :
Isabelle Quoniam
Chargée de mission Biodiversité
Grand Port Maritime de Marseille
[email protected]
Tél : 04-42-48-65-75
Philippe Lambret
Chef de projet « Conservation des odonates »
Tour du Valat
[email protected]
Ce projet est cofinancé par l’Union européenne
[*] Cette action sera réalisée grâce au soutien financier de l’Union européenne à 50% via le Programme Opérationnel Interrégional Rhône Saône 2014-2020 et à l’appui de la Région Sud PACA et de l’agence de l’eau RMC.