
Cette étude a été réalisée durant l’été et l’automne 2024 en vue de compléter l’évaluation de l’état de conservation des lagunes côtières méditerranéennes (HIC UE-1150) qui est réalisée dans le cadre du Life Marha (2018-2025).
En partenariat avec le PNR de la Narbonnaise et le Pôle-relais lagunes méditerranéennes, l’IFREMER a mené l’évaluation de la contamination chimique de 4 masses d’eau de transition (l’Estarac, du Grazel, de Gruissan et de St Paul) du site N2000 du complexe lagunaire de Bages-Sigean. Le rapport présente le bilan des protocoles utilisés, des résultats obtenus et des indicateurs d’état pour ces étangs dont c’est le premier diagnostic chimique (sauf pour Gruissan). Pour cela, les protocoles DCE « lagune » et OBSLAG ont été mis en oeuvre pour caractériser l’état chimique de ces masses d’eau, à partir de la phase aqueuse via l’emploi d’échantillonneurs intégratifs POCIS, DGT et SBSE.
Résultats
Sur les 190 substances chimiques organiques recherchées, 32 contaminants ont été retrouvés au moins une fois au cours du suivi. C’est dans l’étang de St Paul qu’on retrouve le plus grand nombre de substances organiques différentes (24) et dans celui de Grazel le plus petit nombre (16). Les résultats ne révèlent pas de problématique chimique majeure sur ces lagunes. D’un point de vue règlementaire, aucune des substances prioritaires de la DCE recherchée n’a dépassé sa norme de qualité environnementale.
Même si seulement 50% des substances prioritaires ont été diagnostiquées dans ce suivi, cela confirme l’absence de problématique majeure de pollution dans ces lagunes, laquelle aurait été détectée indirectement et préalablement dans le cadre du suivi règlementaire des lagunes proches, comme par exemple l’étang de Bages. Malgré cela, plusieurs substances dissoutes peuvent impacter négativement la biodiversité de ces milieux. Le cuivre est un élément trace métallique, puissant biocide et fongicide qui est présent dans les étangs de Gruissan, de l’Estarac et de St Paul à des niveaux proches de sa NQE. Plusieurs herbicides organiques ou produits de dégradation d’herbicides (hydroxy-simazine, s-métolachlor…) sont également rapportés avec des teneurs dépassant leurs valeurs seuils écotoxicologiques individuelles dans ces milieux.
L’empreinte de contamination par les pesticides des 4 lagunes suivies (i.-e. la composition des mélanges de substances retrouvées dans chaque lagune) diffère assez nettement entre celles connectées à la mer (Grazel et Gruissan) sur lesquelles on retrouve des biocides spécifiques d’usages nautiques (DMSA et DMST) et de vieux herbicides interdits (atrazine, ametryn), de celles non connectées directement à la mer (Estarac et St Paul) où ces substances sont
complètement absentes, mais en revanche où l’hydroxy-simazine et le s-métolachlor et ses produits de dégradation sont prépondérants (signature d’apports diffus d’origine agricole plus ou moins récents). Le métalaxyl, seul fongicide organique retrouvé, l’est d’ailleurs uniquement sur l’Estarac et St Paul.
Ce travail montre également que l’exposition aux pesticides a considérablement diminuée sur la lagune de Gruissan depuis le premier suivi DCE réalisé en 2012, ce qui constitue un point encourageant pour l’avenir, notamment si cette dynamique se poursuit et s’étend aux autres écosystèmes.
- Citation
Munaron Dominique, Gonzalez Jean-Louis, Barré Nathalie (2025). Rapport d’expertise concernant l’évaluation initiale de la contamination chimique de lagunes permanentes d’Occitanie (narbonnais), dans le cadre du Life Marha en 2024. Ref. ODE/COAST/LEROC 25-14. 44p. Ifremer. https://archimer.ifremer.fr/doc/00993/110475/